Paru dans Le Trait d’Union 2007 - N° 12

VI - François-Pierre Godreau

Acte VI - François-Pierre Godreau

Il nous faut nous intéresser à ce septième et dernier enfant de François GODREAU, François-Pierre, né le 1er mai 1856.

Il semble bien que la famille quitte REAUMUR peu après cette naissance, pour aller à la Maison-Neuve de la FLOCELLIERE (ce village est situé tout près de POUZAUGES, à proximité du grand village de l’Inaudière, et aujourd’hui il est rattaché à la commune de POUZAUGES).
En effet, la mère de François-Pierre, Perrine MERLET meurt dans ce village en 1862, à l’âge de 44 ans. Elle est « bordière », dit le registre. C’est tout ce que je puis en dire dans l’état actuel de mes connaissances.

François-Pierre, lui, (que nous appellerons de son nom usuel, Pierre), se marie le 3 juin 1878, à 22 ans, avec Victorine FORTIN.

Cette Victorine FORTIN habite le Moulin-Crouet de la FLOCELLIERE. Un village perdu au fond du vallon, surtout à cette époque où seul un vieux chemin creux devait y conduire, sautant à pieds joints par dessus le ruisseau.

Il y a de nombreux FORTIN à la FLOCELLIERE à cette date : à la Bossonnière, à Malatrait, à la Chagnaie, à la Maison-Neuve. Depuis très longtemps il y a des FORTIN au Moulin-Crouet. Ainsi nous retrouvons :
Jacques FORTIN, né en ? marié à Anne-Marie MARQUIS
son fils François FORTIN, né en 1781, mort en 1866 marié à Jeanne GABORIT son fils Jacques FORTIN, né en 1815 marié à Louise SOURISSEAU
sa fille Victorine-Joséphine FORTIN, née le 2.04.1849
Elle épou
se donc Pierre GODREAU en 1878

Ces FORTIN sont-ils parents avec les FORTIN de la Maison-Neuve marchands de bestiaux ? où habite la famille GODREAU ? Je ne puis l’assurer.

Au Moulin-Crouet, ils sont tisserands de père en fils, de mère en fille. Sans doute ont-ils aussi quelques arpents de terre, de telle sorte que Pierre va venir habiter chez sa femme. Lui, bordier, elle tisserand ... Humbles et inconscients acteurs d’un monde qui, lui va grand train. Car cette fin du XIXème siècle fait tout craquer sur son passage.

Au niveau politique, c’est la guerre de 1870, la Commune, la chute de Napoléon III, l’avènement pour de bon de la République en 1871... Cette fois c’en est fini des rois, la République s’installera dans les drames et les déchirements, mais elle tiendra quand même. La loi de 1906 sur la séparation de l’Église et de l’État, la question scolaire, diviseront le pays. Nous savons par les écrits de l’abbé BILLAUD qu’au BOUPERE la formalité des Inventaires faillira se terminer par un drame, les paroissiens couchant dans l’église pour empêcher la police de rentrer faire son travail ...

A n’en pas douter les consciences toutes imprégnées de catholicisme sûr de lui, à la FLOCELLIERE comme dans tout l’ouest, devaient être toutes retournées de tous ces événements.

Sur le plan économique, la fin du XIXème siècle est également une période faste. L’Empire, puis la République, ont engagé des grands travaux : routes, ponts, canaux, boulevards dans les villes. Le train se développe grâce à des sociétés privées, l’électricité, cette fée merveilleuse, fait son apparition. POUZAUGES est l’une des premières villes électrifiée de FRANCE.

Les industriels, les banquiers, parfois les nobles, s’engagent à fond dans l’industrie. C’est l’époque où de Wendel en Lorraine, Schneider en Bourgogne, ouvrent les mines de fer qui donneront naissance aux aciéries. Ces mêmes industriels investissent dans les Colonies, PARIS organise l’Exposition Universelle en 1900 qui est un grand succès. PARIS de la Belle Époque où les crinolines tournent, tournent, le Champagne aidant, dans les beaux salons ...

L’agriculture a aussi fait des progrès. Mais vers 1890, une catastrophe naturelle va provoquer de profonds changements dans les campagnes. Les vignes en effet sont très répandues à travers le pays, y compris en VENDEE. Mais une épidémie de phyloxera va décimer complètement les vignobles.

De nouvelles souches seront utilisées, plus résistantes, pour la replantation (peut-être le Noa ?), mais dans beaucoup de cas les choux les betteraves et le foin seront développés et permettront de pratiquer l’élevage bovin. Les premiers syndicats vont voir le jour, les premières coopératives vont être constituées, en particulier dans la région de SURGERES, dans tout le nord des CHARENTES, le sud de la VENDEE et des DEUX-SEVRES.

L’an prochain, nous ferons connaissance avec Auguste-Charles,
fils de Pierre et Victorine, et nous suivrons la vie de la famille Godreau
dans la première moitié du 20ème siècle, au Moulin-Crouet.